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Omicron : ce variant signera-t-il la fin de l'épidémie de Covid-19 ?

Le raz-de-marée Omicron pourrait-il signer la fin de la pandémie de Covid-19 en procurant à la planète une large part d'immunité collective ? Certains l'espèrent mais une grande prudence reste de mise tant les scénarios à venir restent imprévisibles.

Le variant Omicron est désormais majoritaire en France, comme l'indique Santé publique France.

ANTONIOBORGA / ANADOLU AGENCY / ANADOLU AGENCY VIA AFP

"Peut-être est-ce le dernier variant, peut-être est-ce la dernière vague, peut-être que cette vague nous permettra d'acquérir une forme d'immunité." Devant les députés lundi 3 janvier 2022, et après des propos similaires ce week-end, le ministre français de la Santé, Olivier Véran, a fait preuve d'un optimisme prudent, entrevoyant une possible sortie de crise.

Un scénario optimiste

Ce scénario semble à ce stade partagé par un certain nombre d'experts. Avec un nouveau variant qui est "un peu plus transmissible (que ses prédécesseurs, ndlr) mais moins agressif, peut-être qu'on assiste à un début d'évolution vers un virus plus banal comme on en connaît d'autres", a ainsi lancé lundi sur BFMTV le Pr.Alain Fischer, le "Monsieur vaccin" du gouvernement français, qui avait accordé un long entretien à Sciences et Avenir. Autrement dit, un virus plus contagieux mais moins dangereux permettrait d'acquérir une immunité naturelle qui, conjuguée à une immunité vaccinale, marquerait l'entrée dans un stade moins sévère de la pandémie. 

"A terme, il y a de l'espoir" et "le Sars-CoV-2 rejoindra les autres coronavirus saisonniers humains qui nous donnent des rhumes et des angines chaque hiver",a aussi avancé ce week-end l'épidémiologiste Arnaud Fontanet. "Nous n'y sommes pas encore. On peut s'attendre à ce que de nouveaux variants émergent mais, notre immunité se renforçant avec le temps, soit par infection naturelle, soit avec des doses de rappel du vaccin, leur capacité à donner des formes sévères va diminuer", a-t-il prédit. Mais avant d'en arriver là, le prix à payer pourrait être "un nombre élevé d'infections parmi la population", comme l'a souligné dimanche le directeur du ministère de la Santé israélien, Nachman Ash, s'exprimant au sujet de son pays.

Le ministre de la Santé Olivier Véran à l'Assemblée Nationale, durant la séance d'examen du projet de loi transformant le pass sanitaire en pass vaccinal le lundi 3 janvier 2022. (Crédits: STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

Pandémie "imprévisible"

Même avec un virus plus bénin, les conséquences pourraient être graves sur le plan collectif, le nombre de cas risquant d'entraîner mécaniquement une hausse du nombre de patients hospitalisés. Nul ne sait par ailleurs quand cette immunité collective espérée pourrait se matérialiser. "J'ai toujours l'espoir que le virus finira par ressembler davantage aux autres coronavirus du rhume, peut-être au cours des une ou deux prochaines années, en répétant les vaccins et en conservant le masque et la distanciation sociale pour les plus vulnérables, comme ce que nous faisons pour la grippe chaque année",a souligné récemment Julian Tang, virologue et professeur à l'Université de Leicester, cité par l'organisme britannique Science Media Centre.

Après deux ans de Covid-19, différents variants et des évolutions qui ont bien souvent déjoué toutes les prédictions, certains se refusent désormais à toute conjecture. "Si l'on veut commencer à retenir les leçons du passé récent de cette pandémie, rappelons-nous qu'elle est largement imprévisible", souligne ainsi auprès de l'AFP l'épidémiologiste Antoine Flahault. 

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'est quant à elle engagée à faire tout son possible pour que la pandémie prenne fin en 2022. Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l'agence onusienne, a affirmé fin décembre 2021 que "si nous voulons mettre fin à la pandémie dans l'année qui vient, nous devons mettre fin à l'iniquité (vaccinale, ndlr) en veillant à ce que 70%de la population de chaque pays soit vaccinée d'ici au milieu de l'année prochaine."

Il a répété que l'OMS n'était pas opposée aux doses de rappel, mais a souligné qu'elles devaient être réservées aux personnes à risque ou ayant plus de 65ans. Le chef de l'OMS a ainsi estimé que les pays qui administrent des doses de rappel à des adultes ou des enfants en parfaite santé feraient mieux d'essayer de partager ces doses ou de convaincre les personnes non vaccinées de sauter le pas. Les très faibles taux de vaccination dans certaines régions du monde risquent d’entraîner l’émergence de variants, rendant ces vaccins inefficaces.

En ce qui concerne l'immunité collective, il s'agit selon le Pr. Flahault d'un concept "purement théorique".Il développe en effet qu'il "semble que l'immunité vaccinale protège efficacement contre les formes graves de la maladie mais pas tous les vaccinés non plus". Par ailleurs, "l'immunité acquise naturellement, par des antécédents d'infection par le coronavirus, semble aussi apporter une forme de protection, notamment contre les formes graves, mais rien de tout cela n'est complètement clair," ajoute l'épidémiologiste.

Pour le directeur de l'Institut de santé globale à Genève, tous les scénarios restent donc aujourd'hui sur la table : du plus optimiste, évoqué notamment parOlivier Véran, aux plus pessimistes, impliquant par exemple une grande difficulté à passer le pic d'Omicron, la saturation des systèmes de santé déjà à bout de souffle ou encore l'émergence d'un nouveau variant. "Je suis persuadé que ce ne sera pas la dernière vague", a pour sa part estimé dimanche le Pr. Eric Caumes, chef du service de maladies infectieuses à l'hôpital parisien de La Pitié Salpêtrière. "Mais ça sera peut-être la dernière de cette intensité."  Peut-être.

AT avec AFP

Source : https://www.sciencesetavenir.fr/

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